C’est un coup de tonnerre même si on savait que Martin Fourcade s’interrogeait ces derniers jours sur le fait de maintenir sa candidature à la présidence du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques 2030. Nous nous en étions fait l’écho samedi évoquant  des vents contraires et des conditions qui ne semblaient pas réunies.

« Si je reste fidèle à mes convictions… »

Dans un message adressé à ses proches, il indique qu’il renonce : « Ce petit message matinal pour t’informer que je retirerai ce matin ma candidature à la présidence des Alpes 2030. Je souhaitais t’en informer avant que cette décision ne devienne publique. C’est une difficile décision tant le défi que représentait ce projet pour accompagner la transition de nos montagnes et des Jeux d’hiver me passionne. Cependant je ne réussirais pas ce défi si je ne reste pas fidèle à mes convictions », écrit-il avant de remercier ses proches de leur « soutien tout au long de cette longue aventure. »

Nous avons joint Martin Fourcade par message et il nous a confirmé qu’il venait d’envoyer sa lettre de renoncement. Dans cette lettre adressée aux promoteurs, dont le Parisien a eu connaissance, le sextuple champion olympique explique que « la vision du projet s’opposait à celle des présidents (ou ex) de Région, Laurent Wauquiez et Renaud Muselier », Il l’a fait savoir aux parties prenantes dans un courrier, que nous avons pu consulter.

« Aujourd’hui, les désaccords restent trop nombreux » 

 « Aujourd’hui, les désaccords restent trop nombreux pour pouvoir envisager sereinement cette mission. Le mode de gouvernance, la vision, l’ancrage territorial : nous n’avons pas réussi à nous retrouver sur ces sujets fondateurs, explique ainsi le multiple champion olympique dans son courrier. Je ne peux me résoudre à sacrifier mes convictions. Dans ces conditions, j’ai pris la difficile décision de me retirer des discussions autour de la présidence des Jeux d’hiver de 2030. »

Marie Martinod : « Je reste disponible »

Avec le forfait de Martin Fourcade, se pose la question du profil qui pourrait être choisi pour la présidence du COJOP dont le nom doit être dévoilé le 18 février. Selon les informations de Ski Chrono, les pistes Vincent Jay et Marie Martinod que l’on citait régulièrement n’aboutiront pas. Même si Marie Martinod que nous avons joint au téléphone nous confie «toujours être disponible pour le job. Le renoncement de Martin ne change rien » déclare la double médaillée olympique en ski half-pipe.        

Les raisons d’un renoncement

Même si Martin Fourcade cochait toutes les cases pour la présidence, il y a toujours eu des doutes et des interrogations sur sa nomination à la présidence du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJOP) 2030

Une déclaration tardive qui passe mal sur la forme

En se déclarant candidat le 23 octobre dans une interview à l’Equipe, la veille d’une réunion de travail à Matignon avec le Premier ministre d’alors Michel Barnier, Martin Fourcade, qui avait prévenu certains acteurs du dossier comme les régions Aura et Paca par un message WhatsApp, a agacé les promoteurs historiques du dossier Alpes françaises 2030. La forme les a surpris et interpellés. Les deux Régions poussaient deux autres candidatures : Vincent Jay pour le Nord et Marie Martinod pour le Sud.

Une icône qui prend la lumière

Avec son aura, Martin Fourcade a pu faire peur aux porteurs historiques du dossier (les deux Régions) qui ont pu craindre d’être dans l’ombre d’une icône (sextuple champion olympique) soutenue par le Président de la République Emmanuel Macron et par David Lappartient, le président du CNOSF. Il est question d’ego dans ces dossiers. Et quand Martin Fourcade entre dans une salle, il éclipse toute le monde.

Un cadre contraint et une gouvernance complexe

Après avoir levé le doigt et annoncé avec un bazooka les raisons de son engagement pour les Jeux de 2030 avec Marie Bochet en binôme, Martin Fourcade, qui cochait beaucoup de cases (l’aura, le carnet d’adresses pour aller parler aux grands décideurs, l’expérience de Paris 2024…) a été contraint de rentrer dans un cadre fixé et validé par le G5, regroupant sous l’autorité de Michel Barnier, les deux Régions, l’Etat, le CNOSF et CPSF. Un cadre contraint avec une rémunération fixée à 200 000 € par an (primes incluses) avec les risques de conflits d’intérêt étudiés part la Haute Autorité de la transparence de la vie publique (HATVP) , la mise en place d’un bureau exécutif aux allures d’instance de surveillance…sans oublier la localisation du siège du COJOP au Groupama Stadium, siège qu’il aurait souhaité davantage au Bourget-du-Lac en Savoie… Ce cadre a pu le faire reculer.

Un poids politique pesant et un dossier qu’il n’a pas initié

Le poids politique de ce dossier, avec des élus qui ont une forte personnalité comme Renaud Muselier et Laurent Wauquiez, conseiller spécial du président Fabrice Pannekoucke, peut également expliquer le renoncement du Pyrénéen qui réside au bord du lac d’Annecy, à Menthon-Saint-Bernard.  Et on a tendance à l’oublier mais Martin Fourcade n’a pas été dès l’origine dans la création du dossier avec ces quatre pôles géographiques qu’il allait devoir assumer, avec des divergences sur la vision du dossier et un ancrage territorial qui est une forte composante d’Alpes françaises 2030 .