Plus de 353 000 jobs créés… Le chiffre des créations d’emploi américaines en janvier a médusé les observateurs, d’autant qu’il s’accompagne d’une forte révision à la hausse du chiffre provisoire de décembre 2023 (333 000 emplois nouveaux au lieu de 216 000). « Sans voix », a déclaré Michael Kramer, fondateur de la société d’investissement Mott Capital Management. « Un chiffre de l’emploi qui écrase les attentes, mais le plus impressionnant a été le quasi-doublement de la croissance des salaires… Oubliez les réductions de taux en mars. »

L’économie américaine continue d’avancer à pleine vapeur comme l’avait révélé le chiffre de la croissance au dernier trimestre 2023, lui aussi très supérieur aux attentes (3,3 % en rythme annuel). La croissance de l’emploi a été généralisée au cours du mois de janvier, avec, en pointe, le secteur des services aux entreprises et ses 74 000 postes. Parmi les autres contributeurs importants figurent les soins de santé (70 000), le commerce de détail (45 000), le gouvernement (36 000), l’aide sociale (30 000) et le secteur manufacturier (23 000). Le taux de chômage reste stable à 3,7 %.

Indice supplémentaire de l’euphorie : la hausse du salaire horaire moyen du secteur privé non agricole a accéléré, augmentant de 0,55 % en janvier (+ 6,6 % en rythme annuel), du jamais-vu depuis mars 2022. De quoi laisser craindre un engrenage inflation-hausse des salaires. Dans ce contexte, les marchés ne tablent plus sur une baisse des taux de la Réserve fédérale (Fed) en mars – son président, Jerome Powell, l’a indiqué presque officiellement mercredi 31 janvier lors de sa conférence de presse. « Je ne pense pas probable que le comité atteigne le niveau de confiance [suffisant] d’ici à la réunion de mars [pour commencer à baisser les taux] mais cela reste à voir », avait déclaré M. Powell. Le desserrement monétaire est désormais plutôt attendu en mai.

Les taux d’intérêt se sont tendus

Logiquement, les taux d’intérêt se sont tendus – les taux à dix ans ont bondi de 3,88 % à plus de 4 % lors de la publication des chiffres du chômage – tandis que Wall Street, qui s’apprêtait à ouvrir en fanfare en raison des résultats mirobolants de Meta et Amazon annoncés la veille, ne progressait que faiblement en début de matinée. Toutefois, la Bourse a décollé en milieu de journée (+ 0,9 % pour le S&P 500 et + 1,4 % pour le Nasdaq, l’indice des valeurs technologiques) : « tant pis pour les taux élevés, mieux vaut une économie florissante », semblait vouloir dire le marché en se ravisant. Le dollar s’est renforcé, l’euro cotant 1,08 dollar en recul d’un centime.

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