Institutions, finance – et guerre

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C’est peut-être parce que j’ai lu le livre en plusieurs étapes, mais j’ai eu du mal à retenir un seul argument de The Wealth of a Nation: Institutional Foundations of English Capitalism de Geoffrey Hodgson. Le livre suscite beaucoup d’intérêt mais les chapitres ne semblent pas liés. L’un des commentaires au verso, de mon ancienne collègue Sheilagh Ogilvie, en fait une vertu, le félicitant pour éviter les explications monocausales, ce qui est vrai. Mais le livre discute également du mode d’analyse économique ainsi que des causes de la révolution industrielle.

Quoi qu’il en soit, voici ce que j’ai retenu de ma lecture :

  1. D’autres récits sur les origines de la révolution industrielle et du capitalisme en Angleterre se trompent : Marx, McCloskey, Mokyr, Allen, Weber, Oncle Tom Cobbley et tous.
  2. C’est parce qu’ils n’utilisent pas le cadre de l’économie évolutionniste.
  3. L’économie se trompe énormément en mélangeant le capital en tant que biens de capital physique et le capital en tant que capital financier, à commencer par Adam Smith.
  4. Le développement économique est un processus de création et de modification de règles à la fois techniques et institutionnelles.
  5. La particularité du capitalisme réside dans le développement des instruments et des marchés financiers, en particulier des prêts hypothécaires contre garantie : « Les institutions financières développées rendent le capitalisme historiquement spécifique. »
  6. La révolution industrielle était due à une évolution institutionnelle – généralement progressive, mais avec quelques grands moments de changement dramatique, comme l’accord qui a entraîné l’adhésion de Guillaume et Marie en 1688.
  7. Mais l’impact des chocs extérieurs – en particulier de la guerre – sur le développement économique est sous-estimé.

J’ai aimé cette observation sur les institutions : « Elles fonctionnent comme des registres d’informations sur ce qui est produit et possédé, ainsi que sur les règles régissant leur utilisation et leur allocation. » Hodgson cite la définition de l’information donnée par Shannon et Weaver : quelque chose dont la réception peut déclencher une action. Cette métaphore des unités d’information sous-tend l’approche évolutionniste, telle que j’ai compris ce chapitre. Hodgson, ici et ailleurs, a fortement plaidé en faveur d’un changement de paradigme en économie, passant du cadre de la fonction de production physique, encore existant, au cadre évolutionniste. (Je constate l’effondrement de l’ancien paradigme à certains égards, mais nous sommes loin d’être remplacés par un nouveau.)

Le livre se termine, à ma grande surprise, par un chapitre sur le développement économique du Japon. Je pense que le point ici est le suivant : « Les changements institutionnels majeurs dans les domaines fondamentaux qui comptent pour le développement économique dépendent généralement de chocs exogènes. » Pour le Japon, ce furent la restauration Meiji, puis la perte et l’occupation en 1945/6.

Dans l’ensemble, c’est une lecture intéressante, mais qui m’a fait penser que j’obtiendrais davantage en lisant l’un des premiers livres du professeur Hodgson sur l’économie évolutionniste.

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