Mardi, les Fédérations sportives internationales ont demandé au Comité international olympique (CIO) d’admettre « le plus tôt possible » des sportifs russes et bélarusses aux JO 2024 de Paris, sous drapeau neutre. « Comme l’a dit à juste titre le président Volodymyr Zelensky: ‘De toute évidence, tout drapeau neutre d’athlètes russes est taché de sang‘ », a estimé Marviy Bidnyi, ministre ukrainien des Sports par intérim.
« Nous comptons sur une décision responsable et sur une direction du CIO qui ne permettra pas à la Russie d’utiliser le sport à des fins de propagande militaire« , a ajouté le ministre par intérim, dont le prédécesseur Vadym Gutzeit a été écarté du gouvernement en novembre. Depuis le début de la guerre en Ukraine déclenchée par l’invasion russe en février 2022, le CIO retarde sa décision sur la participation ou non d’athlètes russes et bélarusses aux Jeux de Paris.
La solution réclamée par les Fédérations sportives est une admission des Russes sous drapeau neutre, sans maillots ni hymnes nationaux.
« Ceux qui veulent vous tuer »
« Nous respectons le principe de neutralité, mais la neutralité n’est possible qu’en temps de paix« , s’est insurgé M. Bidnyi: « Quand il y a une guerre et qu’une nation (…) en détruit une autre, alors la ‘neutralité’ devient de l’irresponsabilité« .
Selon Kiev, la seule façon pour un athlète russe de participer aux Jeux devrait être de changer de nationalité. « Le refus du passeport russe est aujourd’hui le seul moyen possible pour un athlète de prouver que l’excellence olympique est sa première priorité, et que l’athlète n’assume aucune part de responsabilité dans les meurtres d’Ukrainiens« , a estimé le ministre des Sports par intérim.
Selon lui, 40 pays soutiennent la position de Kiev, qui souhaite l’exclusion pure et simple des Russes et Bélarusses. Mais la menace ukrainienne de boycotter les Jeux de Paris semble s’être éloignée, plusieurs sportifs ukrainiens ayant exprimé leur souhait d’affronter et de battre les Russes sur les terrains de compétition.
Le ministre estime cependant qu’une telle éventualité, pour certains athlètes ukrainiens, risque d’être dure à vivre : « Moralement, il est très difficile d’entrer dans l’arène avec ceux qui veulent vous tuer. Et pas au sens figuré, mais vraiment vous tuer« .
397 athlètes et entraîneurs tués
« Nos athlètes sont constamment confrontés aux provocations des Russes, a-t-il insisté, et ne peuvent donc pas être dans un état émotionnel normal. Je ne peux pas imaginer ce que je ressentirais si je devais rivaliser avec des Russes. C’est très difficile. »
Pour M. Bidnyi, il est en outre probable que les athlètes russes soient liés de près ou de loin à des soldats actifs sur le champ de bataille : « Imaginez que vous entriez dans l’arène et que devant vous se tienne un homme derrière lequel, à quelques poignées de main, il y a un soldat russe qui a abattu des enfants à Boutcha. Imaginez cela. »
Selon Marviy Bidnyi, la communauté sportive ukrainienne a déjà payé un lourd tribut au conflit. « Nous avons la confirmation que 397 athlètes et entraîneurs ont été tués« , a-t-il assuré, évoquant notamment des athlètes qui auraient pu aller aux Jeux Olympiques, comme le tireur Egor Kigitov ou le boxeur Maksym Galynichev.
« En ce qui concerne les infrastructures sportives, nos pertes ont déjà dépassé 500 installations pour un total de plus de 300 millions de dollars« , a encore asséné le ministre: « Cela peut être reconstruit, mais les vies humaines ne peuvent pas être restituées. »
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