Un ancien morceau de la Tour Eiffel dans les médailles olympiques et paralympiques : le concept original, dévoilé ce jeudi, a été conçu par le joaillier Chaumet et fabriqué par la Monnaie de Paris. En plus de rendre hommage à la Dame de fer, symbole français par excellence, cette initiative met en avant la réutilisation d’objets destinés à être jetés, s’inscrivant dans la volonté de Paris d’organiser des Jeux responsables.
En effet, un des objectifs annoncés de Paris 2024 est de diviser par deux l’empreinte carbone des Jeux, en se basant sur les chiffres des éditions précédentes. La ville prévoit aussi de compenser les émissions grâce à des projets dans le monde entier, dont certains ont débuté dès 2021. Cet engagement, pris dès la candidature, définit en amont un budget carbone et questionne tous les aspects de la durabilité.
L’économie circulaire favorisée
La Tour Eiffel ne sera pas la seule recyclée lors de ces Jeux : l’économie circulaire se voit mise à l’honneur. Paris 2024 mutualise les équipements, réduisant par exemple de 25 % le mobilier présent, et favorise la location ou la mise à disposition. L’événement privilégie l’éco-conception, avec des matériaux durables comme le bois ou le réemploi d’objets comme des cagettes. Enfin, une grande partie des équipements bénéficieront d’une seconde vie une fois les Jeux passés.
Au niveau des infrastructures également, des efforts pour éviter le neuf sont fournis. Paris 2024 prévoit d’utiliser 95 % de sites temporaires ou déjà existants, afin d’éviter la construction de structures superflues. Du Stade de France à Roland Garros, les sites français emblématiques sont mobilisés, mais la ville de Paris souhaite également aménager la Seine ou encore la Marina de Marseille pour les sports nautiques. De plus, des sites temporaires sont intégrés à des monuments emblématiques de la capitale pour accueillir certaines épreuves comme le skate ou le tir à l’arc.
L’environnement préservé
En outre, Paris 2024 prévoit de préserver ces sites et leur environnement, qu’il s’agisse de Paris ou d’autres régions de France. Chaque projet bénéficie d’un suivi afin que les Jeux olympiques et paralympiques impactent le moins possible la biodiversité et le patrimoine.
Ces actions s’inscrivent dans une volonté générale de réduction des déchets pour l’événement sportif. Au niveau du tri, des emballages à usage unique ou des gourdes permise dans les stades, la ville de Paris se mobilise pour favoriser les gestes anti-gaspillage. Dans la restauration, des mesures sont aussi prévues pour limiter le gaspillage alimentaire. Cette exigence entre dans la politique française de lutte contre le gaspillage.
Les initiatives locales privilégiées
Dans le domaine de la restauration toujours, la France désire multiplier les efforts pour allier gastronomie française et durabilité. Pour ce faire, les repas servis seront deux fois plus végétaux que lors des éditions précédentes. Les engagements envers des produits locaux sont également de mise : la capitale prévoit uniquement de la viande, des produits laitiers et des œufs d’origine française. Une manière d’éviter les transports et intermédiaires, mais aussi de favoriser les producteurs locaux.
L’énergie utilisée proviendra aussi exclusivement de sources locales. Paris 2024 s’engage à utiliser uniquement de l’énergie renouvelable, solaire ou éolienne, produite sur le sol français.
Des efforts à nuancer
Ces actions encouragent la sensibilisation du monde du sport aux enjeux climatiques mais restent à relativiser. En effet, les Jeux olympiques et paralympiques sur lesquels se base cette édition avaient émis en moyenne 3,5 millions de tonnes de CO2. Réduire de moitié les émissions pour l’événement de cet été revient à émettre 1,75 million de tonnes, soit environ les émissions du Soudan du Sud pour toute l’année 2022.
Par exemple, les transports s’avèrent extrêmement énergivores. L’Office de Tourisme de Paris estime à quinze millions le nombre de touristes attendus pour l’évènement, dont 12 % venant de l’étranger, généralement en avion. Il est vrai que la ville de Paris comptabilise ces transports, ainsi que les impacts indirects des Jeux sur le climat, dans ses calculs pour la compensation carbone. Seulement, il faut souvent attendre plusieurs années pour que les effets de ce type de compensation soient effectifs.
Enfin, l’éthique sociale de ces Jeux olympiques et paralympiques est remise en cause par des associations de solidarité. Réunies par le collectif Le revers de la médaille, ces dernières dénoncent un « nettoyage social » à Paris et dans les autres villes hôtes. Ils regrettent notamment des expulsions forcées de personnes précaires. Enfin, des travailleurs clandestins avaient été découverts l’an dernier sur les chantiers des Jeux.
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