Paris 2024 : à Espalion, à l’occasion des Jeux olympiques, « on veut faire parler de notre ville, la faire connaître

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En janvier 2022, une valise dans chaque main, Rahma Houssein débarque pour la première fois en France, à Espalion, une petite ville de 4 800 habitants plantée sur les contreforts de l’Aubrac, dans le nord de l’Aveyron. « Le choc thermique a été très fort. Il faisait super froid, − 3 °C, et ma première nuit fut épouvantable car le chauffage ne fonctionnait pas », se rappelle la pongiste de 28 ans, originaire de Djibouti.

Depuis son emménagement dans un pavillon du centre de vacances Aux portes des monts d’Aubrac, elle se consacre​ au tennis de table, avec un objectif : ​se qualifier aux Jeux olympiques ​et paralympiques de Paris. ​A Espalion, dont le complexe sportif a été labellisé Centre de préparation aux Jeux (CPJ) pour le tennis de table par le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’été de 2024 (Cojop), cette médaillée de bronze par équipe au championnat arabe d’Amman, en Jordanie, en août 2021, s’échine à pratiquer services, coups offensifs et défensifs cinq heures par jour, du lundi au vendredi.

« C’est dur, je vis que pour le ping​. ​J’ai peu de distractions. Mais je reste concentrée », relativise l’athlète, vêtue d’un bas de survêtement noir et d’un maillot rouge floqué avec son nom​ ​ inscrit en lettres capitales. ​Lauréate d’une bourse olympique décernée par le Comité national olympique et sportif djiboutien​​, elle bénéficie de la somme de 800 euros ​par mois pour ses dépenses personnelles.

Ici, elle n’est pas la seule à s’entraîner. Ange Aimé Kouassi, pongiste ivoirien de 28 ans, a été le premier athlète à venir à Espalion et à intégrer le CPJ. Il se souvient parfaitement de son arrivée : c’était le 14 juillet 2021. Le maire (sans étiquette), Eric Picard, était venu en personne le chercher à sa descente d’avion, à l’aéroport Toulouse-Blagnac (Haute-Garonne), pour l’amener dans sa commune de la vallée du Lot, à une trentaine de kilomètres de Rodez, la préfecture. « Il n’a pas décroché un mot durant tout le trajet », raconte M. Picard, très impliqué dans le projet CPJ.

« Je me suis enfermé quatre jours pour remplir le dossier »

En avril 2019, c’est lui, ancien éleveur de canard gras, qui ne pratique aucune activité sportive, qui ​a décidé d’embarquer sa commune dans l’« aventure olympique » en se portant candidat pour l’obtention du label CPJ, délivré aux infrastructures (équipements sportifs et services d’hébergement et de restauration associés) à même d’accueillir des délégations sportives en vue des Jeux.

« ​ Nous avons une belle qualité de vie, mais qui le sait ? », interroge le maire. « Nous voulons faire parler de notre ville, la faire connaître. Et le sport attire les jeunes​. Alors, je me suis enfermé durant quatre jours, sans rien dire à personne, dans mon bureau pour remplir le dossier en ligne. Je me suis bien pris la tête », se rappelle l’élu, à la tête de la collectivité qui compte vingt-quatre associations sportives, dont un club de tennis de table de soixante-quinze licenciés.

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