Le Palais de l’Élysée a annoncé, jeudi 11 janvier 2024, la nomination du gouvernement de Gabriel Attal. Mme Amélie Oudéa-Castéra est nommée ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques.
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames les ministres, chère Prisca, chère Carole,
Mesdames et Messieurs les recteurs,
Chères directrices, Chers directeurs,
Chers agents du ministère,
Chère famille,
Chers amis,
Merci, Monsieur le Premier ministre, pour votre vision, pour ces mots, pour vos encouragements.
Merci à vous, et au Président de la République, pour la confiance que vous m’accordez.
C’est pour moi un honneur immense de prendre la tête de ce ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques.
La République est d’abord l’histoire d’une promesse : celle de permettre à chaque enfant, à chaque jeune, de devenir un citoyen libre et éclairé, un individu instruit mais aussi épanoui.
En réunissant ces champs [de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports, dans notre contexte olympique et paralympique], le Président de la République et vous-même, Monsieur le Premier ministre, m’avez confié un continuum de responsabilités, de politiques publiques, aux synergies nombreuses, qui doit nous permettre de tenir cette promesse républicaine pour notre jeunesse.
Et ce continuum républicain, avec le sport et les Jeux, se prolonge vers la Nation toute entière.
C’est empreinte de beaucoup d’humilité que je vous succède, cher Gabriel.
Vous qui avez, en si peu de temps, profondément marqué la trajectoire de cette grande institution qu’est l’Éducation nationale, par une série de décisions et d’actes forts, à commencer par un refus de tous les statu quo, de tous les affaissements, de tous les faux-semblants, de toutes les violences.
Et je sais que vous aurez à cœur de m’accompagner, et, même, de me « coacher ».
Ma feuille de route sur ce périmètre Éducation nationale et Jeunesse est claire :
– Elle est celle que vous avez portée, ces derniers mois, avec une exceptionnelle vigueur ;
– Guidée par le cap fixé depuis 2017 par le Président de la République, qui, depuis le premier jour, fait de l’école sa grande priorité.
Je sais d’abord les attentes immenses : celles de tous ceux, à commencer par les enseignants, les chefs d’établissements, les recteurs, et toutes leurs équipes, qui incarnent et font vivre notre service public de l’éducation ; celles aussi des parents d’élèves, dont je connais et partage les préoccupations ; et, sans qu’ils l’expriment toujours, celles des élèves eux-mêmes.
Je sais les traumatismes qui ont touché le cœur même de notre École, donc de la République, avec les assassinats de Samuel Paty, de Dominique Bernard, mais aussi les suicides de Lucas, de Lindsay, de Nicolas, ou la tentative de suicide, avant-hier, d’un jeune lycéen au lycée Stéphane Hessel de Toulouse.
Je sais enfin les inquiétudes, les doutes et les frustrations, ce climat scolaire trop souvent dégradé, tant pour le corps enseignant que pour les familles ; autant de difficultés trop longtemps éludées, enfermées, murées, dans un « pas de vague » qui n’a satisfait personne.
Cher Gabriel, vous avez mis fin à cela en tenant un discours de vérité. Et je veux que chacun sache que cette ligne, je la suivrai, comme je l’ai fait depuis le premier jour avec et pour le monde du sport.
Pour sortir des difficultés et redonner à notre École toute la confiance et l’élan qu’elle mérite, nous devons agir vite, avec le sens partagé de l’urgence et des priorités.
Et en même temps, nous savons que l’éducation s’ancre nécessairement dans le temps long, grâce à l’engagement de toutes les forces vives de ce ministère, dans la durée, patiemment, et grâce à l’amour des professeurs pour leur métier et à leurs expériences.
Ayant en tête cette double temporalité, avec cet appétit que je partage avec vous pour l’action et les résultats, je poursuivrai vos chantiers, Monsieur le Premier ministre, au service de ce que le Président de la République a appelé le « réarmement civique de notre jeunesse », et qui passera par trois piliers.
D’abord, vous l’avez dit, restaurer l’exigence, fondée sur le « choc des savoirs » que vous avez impulsée, et sur l’autorité réaffirmée de nos professeurs, qui doivent, comme toute la communauté éducative, pouvoir exercer leur métier dans un cadre apaisé, serein, respectueux. Et, à cet égard, je le dis : il ne doit plus y avoir aucune place pour la peur dans l’école de la République.
Deuxième pilier : régénérer le métier d’enseignant, à travers une attractivité renforcée, qui passe notamment par le chantier de la formation initiale, et par la poursuite des réformes engagées sur la revalorisation des carrières, qui doit nous permettre aussi de mieux résoudre ce problème structurel des heures non remplacées, et donc perdues pour l’édification de notre jeunesse.
Enfin, nous devons construire, plus que jamais, une école de l’épanouissement républicain.
Une école dans laquelle les élèves s’approprient les valeurs de la République, à commencer par la laïcité, indissociable de notre liberté, et les valeurs de l’engagement, avec le Service National Universel.
Une école qui ne transige jamais sur le respect de l’enfant et refuse catégoriquement le harcèlement. Pas de place à l’école pour la peur, pas de place non plus, à l’école, pour le malheur.
Une école, ensuite, où chacun trouve sa place, y compris et plus que jamais nos élèves en situation de handicap et leurs accompagnants.
Une école qui regarde avec la même considération tous les parcours, et qui valorise notamment nos lycéens professionnels.
Une école attentive à la santé de l’enfant, grâce à l’action quotidienne des médecins, des infirmiers scolaires, et demain à leur condition physique, avec nos professeurs d’EPS.
Et enfin, et peut-être plus encore, une école qui sait identifier et reconnaitre les singularités de nos enfants, qui sait faire grandir leurs talents, dans le théâtre, la musique, la danse, le dessin ou le sport. Nous devons accompagner ces enfants dans leur passion, et permettre enfin, vraiment, dans notre pays, ce double projet, académique d’un côté, artistique ou sportif de l’autre. C’est le sens de l’impulsion que nous avons donné au développement des sports-études, de même qu’il existe de nombreuses classes à horaires aménagées artistiques, auxquels je souhaite donner un nouvel élan.
A l’ensemble de la communauté éducative, je veux dire ce matin ma fierté de pouvoir travailler avec elle.
Je serai à l’écoute de ses représentants et de ses acteurs de terrain, farouchement engagée à leurs côtés, à vos côtés à tous, pour que l’école renoue avec l’égalité des chances. Et pour que, fortifiée sur son socle de valeurs et de fondamentaux, elle continue à innover et à s’ouvrir.
Et en cette année de Jeux olympiques et paralympiques, je continuerai aussi à mettre en œuvre, avec le même enthousiasme, la feuille de route que je porte avec et pour le sport français depuis plus d’un an et demi.
Ces Jeux à la maison qui vont inspirer notre jeunesse, auxquels elle sera associée, nous allons les réussir. Nous allons les réussir pour notre pays tout entier, qui a besoin de victoires, et qui peut compter sur un collectif de parties prenantes déterminées, comme je le suis, à ce que ces Jeux soient grands et rendent les Français fiers.
Agir pour le sport, c’est continuer de fortifier notre modèle sportif dans toutes ses composantes, éthique, intégrité, bénévolat, développement de la pratique, avec nos athlètes et avec le mouvement sportif.
Agir pour nos enfants, c’est renforcer la place du sport à l’école. C’est pourquoi je veux que notre devise « lire, écrire, compter », s’enrichisse aussi du mot « bouger », parce que la conjugaison des forces du corps et de l’esprit, ce fameux mens sana in corpore sano, permet de mieux se construire jusqu’au bout, a fortiori dans un monde marqué par cette addiction croissante aux écrans, qui happe les centres d’intérêt de nos enfants.
Cette place renouvelée du sport à l’école s’appuie sur le socle de l’EPS et des AS, mais aussi sur la généralisation effective des 30 minutes d’activité physique quotidienne au primaire, et sur le développement des passerelles avec les clubs dans le cadre du 8h – 18h en REP et REP+ ou pour nos collégiens.
Mais en cette année de grande cause nationale dédiée, pour la première fois, à l’activité physique et sportive, je veux rappeler bien sûr que le sport n’est pas bon que pour nos enfants, mais pour tous nos concitoyens, parce qu’il contrecarre la sédentarité, repousse les maladies, procure du bien-être et de la robustesse.
Et je veux rappeler, dans cette magnifique institution républicaine, que le sport mérite toute notre attention, parce qu’il est ce formidable vecteur de mixité, d’inclusion, et d’intégration dont la Nation a besoin.
Pour conclure, permettez-moi une pensée ce matin, un tout petit peu plus personnelle, pour ma famille – merci pour votre exceptionnel soutien – pour mes trois garçons, qui, à l’heure où nous nous parlons, sont à l’école, comme 12 millions de nos enfants. Une pensée aussi pour les professeurs dont, petite, j’ai eu la chance de croiser la route à l’école et sur les courts de tennis.
Je veux leur dire comme j’ai passionnément aimé tout ce qu’ils m’ont appris, la manière dont, de Madame Harder à Monsieur Louis, en passant par les frères Storai, ils m’ont aidée à trouver ma voie.
Et je ferai en sorte, dans mes fonctions, que la petite flamme qui a fait naître la vocation de tous ces professeurs, de tous nos professeurs, de métropole aux outre-mer, reste intacte, vive, lumineuse.
L’école, Mesdames et Messieurs, est une terre de possibles.
Le sport est une terre de possibles.
La jeunesse a envie et besoin de ces possibles.
La France des Jeux olympiques et paralympiques, en cette année 2024, doit plus que jamais être cette terre de possibles.
Alors oui, la tâche sera lourde, et j’aurai besoin de vous, de toutes les équipes exceptionnelles sur lesquelles j’ai pu déjà m’appuyer, et sur vous, qui incarnez ce service de l’Éducation nationale. Lourde oui, mais la feuille de route, Monsieur le Premier ministre, est claire, essentielle et elle mérite qu’ensemble, tous ensemble, nous la portions à la réussite.
Je vous remercie.
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