Ministre de la Jeunesse et des Sports du gouvernement Jospin, du 4 juin 1997 au 6 mai 2002, Marie-George Buffet reste, pour beaucoup, la ministre des Sports la plus marquante de la Ve République. Témoin privilégié de l’évolution de la place du sport dans la société française au cours des dernières décennies, celle qui fut également secrétaire nationale du Parti communiste français (2001 à 2010), candidate à l’élection présidentielle de 2007, et députée pour la Seine-Saint-Denis (2002 à 2022) dresse un constat simple et clair sur l’importance des Jeux olympiques de Paris 2024 : ils offrent une occasion unique de replacer la pratique sportive, vitale pour le bon état de santé général de la population, au centre de la société française. Mais cela passera par de nombreux défis à relever, et même, selon elle, un « combat ». Entretien.
Êtes-vous impatiente d’assister aux Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024 ?
Oui, pour la beauté du spectacle sportif, d’une part, et pour voir comment la population va s’emparer de ses Jeux. Les vivre. On sort d’une Coupe du monde de rugby durant laquelle on a vu des supporters étrangers en très grand nombre mais aussi un public français présent pendant toute la compétition. J’ai envie que le même état d’esprit règne durant les JOP.
« Je ne suis pas fan de la cérémonie d’ouverture imaginée pour Paris 2024 »
Et ce, malgré les craintes qui pèsent sur l’événement, notamment sécuritaires depuis le fiasco de la finale de la Ligue des champions de football en mai 2022 ?
Bien sûr, il y a des inquiétudes, mais le Comité d’organisation des Jeux de 2024 (Cojo) et l’État prennent toute une série de dispositions en ce sens. Il y a un débat sous-jacent sur la forme de la cérémonie d’ouverture des Jeux. Peut-on tout régler aujourd’hui ? La situation internationale va peser dans les mois à venir. Mon souhait est que ces Jeux représentent un moment d’avancée sur la paix et sur l’amitié entre les peuples. Même si je pense profondément que le sport ne peut pas régler les maux de la société. Si les conflits internationaux actuels se poursuivent, les JOP en seront nécessairement marqués.
La cérémonie d’ouverture sur la Seine vous séduit, d’ailleurs ?
J’aime qu’elle se déroule dans un stade, pour rendre hommage au sport, aux athlètes, dans un lieu de sport. Je ne suis pas fan de la cérémonie telle qu’imaginée pour Paris 2024 car, ayant eu la chance d’assister à plusieurs cérémonies olympiques et paralympiques, on peut faire de belles choses dans un stade et, surtout, on reste dans la compétition, entre athlètes du monde entier. Ce sont eux les héros des JOP, et non une ville ou des acteurs de telle ou telle responsabilité.
« Le bon moment pour annoncer que le budget des Sports atteint les 1 % »
Ces JOP 2024 sont-ils un tournant pour la place du sport dans la société française ?
Rien n’est joué. On peut très bien en sortir sans que rien n’ait bougé, ou alors voir la place du sport complètement renouvelée dans l’Hexagone. Ce serait par exemple le bon moment pour annoncer que le budget des Sports en France pour la période 2024-2028 atteint enfin 1 % du budget global de l’État, comme avait réussi à le faire la Culture par le passé. Aujourd’hui, il est d’environ 0,3 %, seulement.
Pourquoi cette nécessité ?
Car le sport est utile pour développer les capacités physiques et psychiques de tous nos concitoyens. Portons le budget à 1 % et créons un vrai débat public avec les acteurs sportifs, les élus, les collectivités, l’État, sur la conception de la pratique sportive que nous souhaitons en France : quels moyens pour le sport amateur ? Comment diversifier les pratiques ? Quelle place pour le sport féminin, alors que seulement 39 % des licences délivrées par les fédérations sportives sont des licences féminines ? Comment faire du sport de haut niveau un sport respectueux des athlètes, c’est-à-dire conservant leur intégrité malgré la recherche de performance ? Comment se donner les moyens, au niveau français ou européen, de limiter les dégâts de la marchandisation extrême du sport dans certaines disciplines. Faire en sorte que la France joue un rôle au niveau international sur toutes ces questions.
À vous entendre, les Jeux de Paris ne sont pas un aboutissement, mais un point de départ.
Oui car, depuis 2017 et l’attribution des JOP à Paris, que s’est-il passé ? L’Agence nationale du sport a été créée, le ministère des Sports s’est retrouvé un moment sous la tutelle du ministère de l’Éducation Nationale, avant de retrouver…
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