Jeux olympiques : quand les tricheurs devaient ériger une statue

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« Le temps passe mais le souvenir demeure » et tous n’en sont pas heureux. Il est de ces petites choses de l’Histoire qui créent de formidables ponts entre les époques. Pour que nous puissions goûter aux charmes du passé, les récits et souvenirs artistiques et archéologiques témoignant de la vilenie humaine sont parmi les plus efficaces. Si l’idéal olympique relève davantage d’une haute estime de la nature humaine, il demeure éthéré ; peut-être trop pour le commun. En revanche, les tricheries et les petitesses ont toujours le loisir de séduire les foules, et pour cause ; personne n’est à l’abri de la bassesse. Or, de tout temps, dans la médiocrité, certains méritent plus que d’autres d’être honorés.

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Dès le IVe siècle avant notre ère, précisément à partir de l’an 388, les sévères hellanodices – les juges des Jeux olympiques antiques – décidèrent d’appliquer à Olympie ce qui était une pratique déjà fréquente en Grèce.

Perdues dans la forêt

L’intérêt d’une statue est d’occuper l’espace, perchée sur un piédestal, et de faire œuvre de mémoire, pour commémorer l’inhabituel. Prenons celles en marbre ou en bronze (les plus valeureuses) qui ponctuaient autrefois l’Altis, le bois sacré d’Olympie. À l’époque où Pausanias (115 – 180) les admire, chacune glorifie un athlète victorieux aux Jeux. Elles sont tellement nombreuses et standardisées (l’athlète est régulièrement figuré en train d’offrir une libation) que Pausanias choisit de s’attarder uniquement sur les plus remarquables. Pline (23 – 79) soutient quant à lui qu’elles sont des milliers. C’est littéralement une forêt de statues honorifiques, témoignant de la gloire d’un olympionice qui, par ses exceptionnelles prouesses, serait en droit de se penser unique. Le bois sacré saturé de sculptures tend à prouver le contraire.

Mais la statuaire publique a son revers et peut aussi bien susciter l’admiration que le rejet. Les Grecs n’ignoraient rien de cette ambiguïté et s’en emparèrent pour créer ce que nous qualifions aujourd’hui de statuaire « horrifique ». Comme son nom l’indique, cette dernière a pour objectif non dissimulé de vouer celui dont elle copie la physionomie et le nom à l’exécration publique. Il est aussi indispensable – par devoir de mémoire – d’indiquer précisément ce qui est reproché à la personne statufiée et, éventuellement, d’indiquer par qui l’œuvre accusatrice a été financée. Régulièrement, le principe, toujours d’actualité, du « fraudeur-payeur » prévaut. Mais la finesse de la vindicte peut être poussée un peu plus loin, comme ce fut le cas à Olympie.

Balance ton tricheur

Rappelons que pour l’athlète grec antique, la couronne olympique est la plus prestigieuse des récompenses, l’honneur le plus grand qu’il pourra jamais atteindre dans sa vie. Dès que l’on ceint son front de la couronne d’olivier sacré, sa renommée devient immense partout en Grèce (aussi longtemps que l’on se souvient de son nom), il est bien souvent considéré comme un demi-dieu et s’enrichit considérablement.

Le titre olympique est donc très convoité. Tant convoité que certains essaient d’y accéder sans (trop) mordre la poussière. Mais lorsque les tricheurs sont découverts, la sanction n’est pas seulement financière, elle est morale, dégradante et publique. L’amende : les tricheurs financent une Zan (Zeus en dorien, un dialecte grec ancien), une statue du dieu des dieux en bronze, élevée sur un piédestal en pierre soigneusement gravé des noms des fraudeurs, de leurs fautes, et ce, pour toujours. Au grand désespoir de ces derniers, sans doute, leur honte publique demeure toujours.

Une leçon pour nous tous puisque l’humiliation semble avoir été plus immortelle que Zeus, dont les sculptures de bronze ont disparu aujourd’hui.

Seize piédestaux rythment encore le chemin qui menait les athlètes vers le stade d’Olympie. Ainsi bien en vue à l’époque antique, cette haie d’honneur d’un genre particulier rappelait aux athlètes qu’ils concouraient en l’honneur de Zeus et que « ce n’est pas à prix d’argent mais par la légèreté des pieds et la vigueur du corps que l’on doit mériter la victoire à Olympie », comme le tançait vertement Pausanias (Élide I, 21).

Pour couronner le tout, ces Zanes étaient l’œuvre de talentueux sculpteurs contemporains, tel Kléon de Sicyone. Et si elles se ressemblaient sans doute beaucoup malgré les différentes époques de leur création, ces statues étaient véritablement admirables et admirées. Toutes reposaient pourtant sur ceux qu’il ne fallait surtout pas admirer et dont le corps mortel n’emporterait pas le souvenir de la faute, immortelle. Une leçon d’honneur dont nos Jeux modernes ont négligé de s’inspirer.


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