Coup de tonnerre à neuf mois des JO-2024: une nouvelle enquête du parquet national financier (PNF) français se penche sur des soupçons de fraude autour de l’organisation de l’emblématique cérémonie d’ouverture, et a donné lieu mercredi à des perquisitions. L’AFP a appris jeudi de sources proches du dossier et judiciaire que des perquisitions avaient été menées la veille par les enquêteurs financiers de l’Oclciff (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales) au siège du Comité d’organisation des JO (Cojo) ainsi que chez les sociétés d’événementiel Double 2, Ubi Bene, Obo et Paname 24.
« Aucune garde à vue n’a eu lieu« , a précisé la source judiciaire, selon laquelle « ces opérations interviennent dans le cadre d’une enquête préliminaire dirigée par le PNF des chefs de prise illégale d’intérêt, favoritisme et recel concernant plusieurs marchés liés au JO-2024, ouverte postérieurement aux perquisitions du 20 juin 2023« . Ces premières opérations avant l’été avaient été menées dans le cadre de deux autres enquêtes également dirigées par le PNF et portant aussi sur des soupçons de favoritisme et de détournement de fonds publics lors de l’attribution de marchés par le Cojo et la Solideo, l’établissement responsable de la construction des ouvrages olympiques. Dans ces deux procédures, les enquêteurs s’intéressent à une vingtaine de contrats potentiellement litigieux, selon une source proche de l’enquête.
Ultra-confidentiel
Mais cette fois, comme le confirme l’une des sources proches du dossier à l’AFP, la nouvelle procédure vise notamment l’emblématique cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques prévue le 26 juillet 2024 sur la Seine à Paris, ainsi que la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques le 28 août 2024 sur le bas de l’avenue des Champs-Elysées et sur la place de la Concorde. En effet, les sociétés Double 2, Ubi Bene et Obo font partie du quintet d’agences de production événementielle françaises réunies sous le pavillon de Paname 2024 et chargées de ces cérémonies d’ouverture.
La cérémonie des Jeux olympiques du 26 juillet, inédite sur un fleuve et hors stade, est un défi d’organisation et sécuritaire et son aspect artistique est ultra-confidentiel. Des centaines de milliers de spectateurs sur place mais aussi 1,5 milliard de téléspectateurs sont attendus, a indiqué mi-septembre à la presse Thierry Reboul, directeur des cérémonies du Cojo.
Selon la source proche du dossier, plusieurs autres marchés sont également visés par cette enquête, dont celui d’un autre événement emblématique, le relais de la flamme olympique. « Paris 2024 confirme que le PNF s’est présenté à son siège mercredi 18 octobre, et a obtenu l’ensemble des informations qu’il demandait. Paris 2024 collabore pleinement à l’enquête comme il l’a toujours fait« , a indiqué à l’AFP le Cojo à propos de la perquisition de mercredi.
Dans un article de décembre 2022, le média en ligne Mediapart avait souligné le risque de conflits d’intérêt de Thierry Reboul, depuis 2018 directeur exécutif des cérémonies, des événements et de la marque Paris-2024 et chef d’orchestre de cet ambitieux projet. Il dirigeait auparavant la société d’événementiel Ubi Bene, fondée en 2000, avant de rejoindre le Cojo.
A l’époque, sur CB News, il avait affirmé qu’on lui avait proposé de « mettre de côté (sa) plus grande aventure pour une autre peut-être plus belle encore, celle des jeux à Paris« . « Je ne pouvais pas dire non« , avait-il justifié, annonçant avoir vendu ses parts de la société d’événementiel. Ubi Bene s’est ensuite associée aux autres agences d’événementiel pour former ce consortium Paname 24, chargé d’organiser les cérémonies d’ouverture.
Sollicité par l’AFP, M. Reboul n’a pas répondu dans l’immédiat. « L’organisation de grands événements sportifs, c’est un petit univers. La frontière entre l’endogamie et le conflit d’intérêt est au centre des enquêtes et dépend de l’appréciation« , relevait récemment une source proche du dossier.
Outre ces procédures, le PNF enquête aussi depuis septembre pour vérifier les accusations de favoritisme à l’encontre du directeur général délégué du Cojo, Michaël Aloïsio, après la plainte d’un ex-salarié, Sébastien Chesbeuf, dénonçant du favoritisme et du trafic d’influence dans l’attribution d’un marché public avec la région Paca. Le parquet financier a également ouvert en juillet une procédure pour vérifier les conditions dans lesquelles un ancien inspecteur de Bercy aurait loué des chalets familiaux dans les Alpes à la Solideo, qu’il était chargé de contrôler.
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